L'objet du Grand Père

Voici un objet. Je l’ai retrouvé en déménageant ma mère, il y a quelques années. Il était dans une grande boîte en bois, l’objet reposait sur un velour vert, un écrin. Entre la boîte et l’objet, ce n’était pas léger. Evidément cette pièce mécanique a piqué ma curiosité et j’ai demandé à ma mère d’où elle venait.

L’objet appartenait à mon grand-père paternel. Pour ceux qui ne me connaissent pas, le coté de mon père vient d’Alsace et du Berry (Parrain si tu me lis : Vive les berrichons!). Donc mon grand père était donc… alsacien. Il a fait un école d’ingénieur et à l’époque, on est en pleine guerre 14-18, les apprentis ingénieurs devait faire une « oeuvre » pour obtenir leur diplôme, un peu comme les compagnons du devoir pour ceux qui connaissent. Mon grand père a donc fait cet objet qui est composé d’engrenages, d’un levier, et d’une pointe. D’après les souvenirs de ma mère c’était une pièce d’une machine. 

Pour la petite histoire, mon grand père a passé son diplôme en allemand puisque la France avait cédé l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne en 1871. Son diplôme en poche il a été enrôlé dans l’armée allemande, Les allemands méfiants des alsaciens les envoyaient se battre sur les fronts Russes, voici comment mon grand père Antoine s’est retrouvé en Russie. Il arrive à Moscou… en pleine révolution bolchévique!!! Je ne sais pas comment il est parvenu à s’échapper de l’armée allemande, toujours est il qu’il a réussi avec beaucoup de péripéties à revenir en Allemagne près de la frontière française. Le temps qu’il arrive, (je rappelle qu’on est en 1917/18 donc les routes n’étaient pas franchement des routes), l’armistice fut signé. Mais il se retrouva coincé en Allemagne pour des problèmes administratifs, était il français? Allemand? Le temps de régler ce problème de nationalité, il habita environ six mois chez sa correspondante de guerre en Bavière. Il put enfin rentrer en France où il repassa son examen d’ingénieur, cette fois ci en français, et trouva son premier poste d’ingénieur à Vierzon… et il rencontra Jeanne, ma grand-mère.